L’objectif de cet article est de proposer aux Petites et Moyennes Entreprises en manque de financement des solutions alternatives qui seraient susceptibles au cas par cas de soutenir le développement et les besoins desdites entreprises.
La réduction du rôle des banques dans le financement de l’économie, combiné à une recherche de rendement de la part des investisseurs, a favorisé le développement des prêteurs alternatifs non-bancaires depuis 2008.
Selon le rapport « Financing the economy 2016 » publié par l’AIMA (Alternative Investment Management Association), le Luxembourg est un des principaux pays de domiciliation pour les prêteurs alternatifs non-bancaires, suivis par l’Irlande, le Royaume-Uni et les États-Unis. D’un point de vue réglementaire, l’octroi et l’acquisition de prêts peuvent être effectués par différents véhicules d’investissement au Grand-Duché, à savoir les fonds alternatifs, les organismes de titrisation et les sociétés de participations financières (SOPARFI).
Le financement par la dette privée diffère du financement obligataire traditionnel (voir article sur ce sujet). Selon l’AIMA, “[p]rivate credit is credit that is extended to companies or projects on a bilaterally negotiated basis. It is not publicly traded such as many corporate bonds and is originated or held by lenders other than banks. It takes various legal forms including loans, bonds, notes or private securitization issues”. En outre, par opposition aux obligations émises sur les marchés de dettes publiques, les dettes privées sont généralement collatéralisées ou protégées par des covenants sur les contrats de prêt.
Les fonds de dettes privées (private debt funds) fournissent des facilités de financement à des entreprises par le biais d’un large éventail d’instruments qui englobe l’ensemble de la structure du financement : dette senior sécurisée et non-sécurisée, prêts mezzanine, financement unitranche à taux fixe combinant à la fois la dette senior et la dette subordonnée, mais aussi quasi-fonds propres (c’est-à-dire obligations convertibles et actions préféren- tielles). Les fonds de dettes privées peuvent acquérir ces instruments sur des marchés de gré à gré et/ou initier ces opérations de financement en structurant directement les contrats de prêt avec les entreprises.
Selon le Conseil de Stabilité Financière (CSF), trois modèles de prêt direct (direct lending) ont émergé au cours des dernières années :
- dans le premier modèle (bilateral lending), les institutions non-bancaires développent une expertise en matière d’analyse du risque de crédit, de valorisation du collatéral et du recouvrement de créances,
- dans le deuxième modèle (specialized loan funds), un gérant de fonds regroupe un certain nombre de prêts que les investisseurs non-bancaires peuvent financer en achetant des parts. Dans ce segment de marché, les fonds deprivate equity capitalisent sur leur expertise en identifiant des entreprises cibles à des fins d’acquisition et l’étendent au financement par la dette.
- Dans le troisième modèle (co-origination with a bank), une non-banque et une banque entrent dans un partenariat dans lequel la banque assure le suivi des emprunteurs, initie les contrats de prêts, et les distribue à la non-banque, qui fournit le financement de ces opérations.
Pour les petites et moyennes entreprises, les fonds de dettes privées représentent une source de financement alternative au crédit bancaire traditionnel. En effet, alors que des grandes entreprises peuvent accéder à des sources de financement non-bancaires en émettant des obligations sur les marchés de dettes publics, les petites et moyennes entreprises ne possèdent pas la taille critique pour le faire. En outre, les entreprises avec un niveau de qualité de crédit plus faible qui se retrouvent en situation de rationnement du crédit par les banques peuvent ainsi recourir à des prêteurs non-bancaires. Dans une autre optique, les projets d’infrastructures peuvent engager des horizons de finan- cement qui sont trop longs pour les marchés obligataires publics. De ce fait, les prêteurs non-bancaires spécialisés dans la création et/ou l’acquisition de dettes senior et subordonnées liées à des projets d’infrastructures constituent une alternative intéressante pour le financement de ces projets.
Du point de vue des investisseurs, les fonds de dettes privées offrent une grande variété de profils risque/rendement. D’un côté, les fonds qui investissent dans la dette adossée à des projets d’infrastructure sont très attractifs pour les compagnies d’assurance et les fonds de pension qui recherchent des flux de revenus stables sur le long terme34. De l’autre côté, les fonds qui acquièrent des dettes d’entreprises proches de la faillite (distressed debt) ou des prêts non-performants (non-performing loans) cédés par des banques offrent le profil risque/rendement le plus élevé. Les stratégies intermédiaires incluent, entre autres, les fonds de dettes privées qui investissent dans la dette mezzanine. Ces prêteurs alternatifs sont généralement des fonds de private equity qui capitalisent sur leur expertise dans le domaine des opérations de rachats par emprunt (LBOs, Leverage Buyout Operations) pour construire un portefeuille de dette mezzanine. Dans la structure de financement d’une entreprise, la dette mezzanine est subordonnée en priorité de paiement à la dette senior. Les intérêts payés sont donc plus élevés, mais le principal avantage de la dette mezzanine réside dans le fait qu’elle permet au prêteur d’entrer dans le capital de l’entreprise, une fois que les intérêts ont été payés. Le retour sur investissement est alors particulièrement élevé lorsque le prêteur transforme la dette mezzanine en bons de souscription d’actions avant de les revendre.
Avec le concours de BCL
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